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Une histoire d’arbre… et d’intelligence émotionnelle

Lors de ma formation pour devenir praticienne en intelligence émotionnelle, j’ai du réfléchir plus en profondeur à mes propres aptitudes et compétences dans la gestion des émotions. Parmi les 5 grandes compétences principales en intelligence émotionnelle, se trouve la gestion du stress. Cette compétence renvoie à comment nous gérons les informations émotionnelles que nous recevons lors d’un évènement occasionnant du stress. Elle correspond à notre capacité à mobiliser nos ressources internes pour y faire face et à notre aptitude à développer des stratégies mentales (et autres) pour augmenter notre flexibilité face aux situations inattendues. 

Et des situations inattendues, nous en avons vécu plusieurs depuis le début de la pandémie de la covid-19, exigeant de faire preuve de souplesse et d’adaptation, mais aussi d’accepter de vivre certains deuils. Au cours des derniers mois, nous avons du nous ajuster, voire carrément inventer de nouvelles manières de faire, pour continuer de fonctionner et d’avancer. La façon dont vous avez fait (et faites encore) face à l’incertitude liée à la pandémie représente en soi une occasion de mieux vous connaitre et de réfléchir aux manières d’augmenter vos compétences en intelligence émotionnelle.

Mais aujourd’hui, j’ai envie de prendre un exemple plus « trivial » avec une situation personnelle qui n’est absolument pas reliée à la pandémie. L’histoire que je vais partager avec vous est pour moi une occasion d’exposer l’enchaînement d’émotions, de réflexions et de débats intérieurs lorsqu’on est face à l’inattendu. C’est aussi une manière de comprendre quel rôle jouent nos émotions dans une situation de stress et comment nous pouvons les mobiliser pour qu’elles nous « servent » davantage.  

L’idée n’est pas que vous vous identifiez à ce que j’ai ressenti ou d’imaginer comment vous, vous vous seriez sentis. Cette situation est très personnelle et chaque personne aurait pu y réagir complètement différemment, en passant par l’indifférence, l’exaspération, la déception ou la mélancolie. Ce que je veux plutôt mettre en exergue ici, ce sont les manières dont notre intelligence émotionnelle peut être mobilisée lorsque nous sommes face à une situation que nous interprétons comme stressante. En bout de ligne, il s’agit de réfléchir à comment mobiliser ses compétences émotionnelles de manière à se sortir d’une situation où on se sent « pris aux pièges de ses émotions », où on les subit passivement, et où on ne les comprend pas (donc on se sent pris au dépourvu et en perte de contrôle). J’ai beaucoup appris de la dynamique du modèle EQ-i que j’intègre du coup dans mon introspection et j’avais envie de vous en partager quelques exemples à travers cette « mise en situation ».

L’histoire que je m’apprête à vous raconter m’a permis, et je le crois intimement, de mobiliser et d’augmenter plusieurs compétences, entre autres : ma conscience de soi émotionnelle, mais aussi ma flexibilité et ma tolérance dans la gestion du stress. J’aimerais même ajouter la notion de « bienveillance » envers moi-même et d’acceptation, qui fait partie des compétences en « perception de soi ».

Pour vous donner un peu de contexte en intelligence émotionnelle et faciliter votre compréhension, voici quelques définitions utiles et qui, je l’espère, prêteront matière à réflexion pour vos propres expérimentations (ces définitions proviennent toutes du modèle EQ-i 2.0 de l’intelligence émotionnelle) :

·      La conscience de soi émotionnelle comprend la reconnaissance et la compréhension de ses propres émotions. Elle inclut la capacité à différencier les subtilités inhérentes à ses propres émotions, tout en comprenant leur cause et l’impact qu’elles provoquent sur ses propres réflexions et actions, mais aussi sur celles des autres.

·      La flexibilité (gestion du stress) consiste à adapter ses émotions, réflexions et comportements à des idées ou à des circonstances dynamiques, imprévisibles et inhabituelles.

·      La tolérance au stress implique de s’adapter à des situations difficiles ou stressantes et d’admettre que chacun peut gérer ou influer de façon positive sur les situations.

Passons donc à mon histoire et à l’enchaînement des émotions spontanées que j’ai ressenties…

Un beau matin, ma journée a commencé du mauvais pied, avec une annonce qui m’a déstabilisée (si vous me suivez dans la médiathèque d’Ariadne, vous connaissez déjà la dynamique de spirales des émotions où le négatif entraîne le négatif!).

Ce matin-là, j’avais fait venir une compagnie pour me donner un avis sur un des arbres sur notre propriété. Mon mari et moi avions remarqué que cet arbre, un vieil acacia situé au cœur de notre jardin, avait une fissure assez large dans son tronc et nous nous inquiétions qu’il se fende complètement au point qu’une moitié ne tombe sur notre maison. La compagnie a confirmé nos craintes, mais au lieu d’envisager une solution de réparation (ce que j’imaginais), elle nous a plutôt annoncé qu’il n’y avait pas d’autre issue que de couper l’arbre entièrement. La réparation ou le renforcement à l’aide de boulons et vis ne ferait que repousser l’inévitable et n’était donc pas une option viable.

La nouvelle m’est tombée dessus comme un couperet. Elle m’a littéralement coupée le souffle. Jamais je n’avais envisagé d’en arriver à quelque chose de si drastique. J’avais l’impression qu’on enlèverait un poumon à notre jardin, qui par ailleurs serait défiguré par un tel acte. Les larmes me sont rapidement montées aux yeux dès l’annonce du verdict. À ce point-ci de l’histoire, ma réaction vous semblera peut-être extrême, ou alors vous vous dites peut-être aussi « dis donc, elle aime vraiment les arbres! » En fait, ma réaction m’a moi-même surprise. Je n’avais pas suspecté la peine profonde que cette nouvelle occasionnerait chez moi. C’est bien parce que je fus prise au dépourvu, voire en otage, de mes propres émotions, que ma première réaction fut de pleurer. 

Immédiatement, une première interprétation de ma réaction m’est apparue. Et je dis « une première », parce que je pense qu’après toute forme de choc ou de réaction plus forte qu’anticipée, on passe par différents stades et donc différentes interprétations de la réalité. Ma première interprétation fut de me rappeler, avec douleur, le symbole que j’avais investi dans cet arbre. Je me suis rappelée que cet arbre représentait pour moi un être cher que j’avais perdu très peu de temps avant d’emménager dans la maison. Je me suis sentie submergée par les pensées que j’ai eues alors que j’admirais l’arbre au canopée protecteur, imaginant ses branches comme de grands bras qui m’enveloppaient de leur force, comme cette personne qui me manquait (et me manque encore) cruellement. Cet arbre m’avait alors procuré du réconfort et je lui avais donné un autre sens. Plus encore, je lui avais donné une identité. Pour moi, l’arbre était immuable et il serait toujours là contre vents et marées, au contraire des êtres chers que nous vole le temps. Et là, comme une gifle, le souvenir de ce que représentait cet arbre m’a sonnée une deuxième fois. Les larmes ont redoublé. 

Mais c’est en prenant le temps de décortiquer l’enchaînement de mes émotions et de les comprendre, que j’ai commencé à mobiliser mes compétences en intelligence émotionnelles. 

En étant capable de nommer ce que je ressentais, d’en identifier la source, je commençais à passer doucement d’un état passif à un état actif.

Je réalisai que ce n’était pas l’évènement extérieur en soi qui me bouleversait de manière implacable, mais plutôt ce que j’avais construit autour de celui-ci. Et si j’avais le courage d’aller explorer plus loin encore, de faire face aux vraies peurs qui se cachaient derrière cette représentation, peut-être alors pourrais-je trouver les clés pour passer à un autre stade émotionnel.

Après ma première lecture émotionnelle (que j’identifiais comme de la tristesse profonde et de la déception), je décidai alors d’être courageuse et d’aller plus loin dans mon introspection. Je compris que ce qui me choquait le plus était finalement de devoir vivre une nouvelle perte, et par là-même un nouveau deuil. M’enlever ce que je m’étais convaincue de ne pouvoir perdre était une violence en soi. Quelque chose que je percevais dans les termes suivants : « Pourquoi cela m’arrive-t-il à moi? » Or, je restais dans une affirmation passive, comme si le sort s’acharnait sur moi. Je refusais de perdre cet arbre comme on refuse de perdre un être cher. Je refusais de vivre sans. Je refusais d’imaginer une vie sans son existence imposante et majestueuse. Mais ce n’était plus dans mon contrôle. Et c’est une nouvelle interprétation qui s’imposa alors : outre la perte tangible et matériel de l’arbre, c’est aussi la perte de contrôle qui provoquait la rafale de mes émotions négatives. 

La nécessité de devoir basculer dans l’acceptation de la perte de tout ce que représentait l’arbre m’apparut comme une évidence pour changer d’état émotionnel. Je ne pouvais avancer et reconstruire un nouveau sens que si j’embrassais pleinement cette acceptation. Cela voulait aussi dire passer par un véritable processus de deuil. Accepter de vivre à la fois le deuil du sens investi dans l’arbre et le deuil de mon illusion d’avoir le contrôle. 

Et c’est bien de cela qu’il s’agit lorsqu’on parle d’augmenter nos capacités en intelligence émotionnelle : utiliser nos émotions de manière optimale pour avancer et pour trouver des solutions à ce que nous percevions comme une fin en soi.

Être en « charge » ou en « contrôle » de ses émotions passe bien souvent par le deuil et par l’acceptation totale. Accepter de braver ses peurs, accepter la perte et l’inattendu, accepter de prendre le temps de nommer ses émotions, accepter aussi de voir les liens qui nous unissent aux autres à travers ces émotions et surtout s’accepter soi-même. Cette acceptation permet alors d’être soi, dans toute notre complexité, mais aussi dans toute la richesse de la créativité qui naît de nos expériences émotionnelles. 

Les larmes se sont naturellement arrêtées de couler lorsque j’ai atteint un niveau de conscience émotionnelle suffisant pour comprendre cet enchaînement émotionnel. La tristesse et la déception ne se sont pas évaporées par magie mais elles ont été nuancées par ma nouvelle capacité d’entrevoir un chemin pour sortir d’un état émotionnel passif. Je n’étais plus prise au piège et ma créativité a alors commencé à s’exprimer. L’acceptation de la coupe de l’arbre a laissé place à de nouveaux rêves et à de nouvelles possibilités de créer du sens à partir de la perte. C’est non plus seule, mais en famille que nous avons inventé de nouvelles histoires. Mon jeune fils de 4 ans a ainsi pu participer à la création d’un village de fées sur la souche de l’arbre, un environnement magique qui redonne de la vie aux racines du vieil acacia. Et à proximité de la souche de l’arbre, nous avons mis en terre de nouveaux arbres : des poiriers plantés le jour de l’anniversaire de mon fils et qui grandiront avec lui, ainsi qu’un magnolia, un arbre qui a lui peuplé mes souvenirs dans mon jardin d’enfance.

Ici s’achève la fin de mon histoire d’arbre et d’intelligence émotionnelle – une histoire de perte, d’acceptation et de création. Mais je vous invite à votre tour à réfléchir à la manière dont vous utilisez les informations émotionnelles que vous recevez dans des situations inattendues ou stressantes. Pensez-vous mobiliser vos ressources internes de manière optimale pour faire face au stress? Vos émotions vous limitent-elles dans votre capacité à maintenir un état d’esprit positif et optimiste? Le stress vous empêche-t-il de passer à l’action? De prendre des décisions? Votre créativité est-elle parfois prise en otage par vos émotions? 

Si mettre des mots sur ce que vous ressentez est difficile ou si vous avez de la difficulté à tracer un chemin pour avancer, n’hésitez pas à me contacter et je vous aiderai à faire face à ces défis. Ensemble, nous augmenterons vos compétences en intelligence émotionnelle et nous augmenterons votre résilience et votre créativité au quotidien. 

Pour me contacter et demander une séance de coaching gratuite de 30 minutes, écrivez à : virginie@ariadnecoaching.com