Comprendre la peur avec les neurosciences

Par Coach Virginie Mesana

Dans mon parcours en coaching, dès le départ il était très important pour moi de me former en neuroscience et à la programmation neurolinguistique (PNL). Pourquoi? Parce qu’il me semble indispensable de mieux comprendre le fonctionnement physique des systèmes cérébraux avant de pouvoir développer et appliquer des méthodes d’accompagnement pour mes coachés.

Aujourd’hui, je vous propose d’aller explorer comment la peur est traitée par notre cerveau. Considérons d’abord que la peur, comme toute autre émotion, est une information (plutôt qu’une directive). Si l’on voit la peur comme une information, on peut alors « prendre du recul et avoir une meilleure vision de nos processus mentaux, ce qui les prive du pouvoir qu’ils exercent sur nous », comme le rappelle si bien la psychologue Susan David (L’agilité émotionnelle, p.230)

La peur comme information

La peur, comme information émotionnelle, est traitée par trois systèmes cérébraux qui constituent notre cerveau: le cerveau reptilien, le cerveau émotionnel (dit cerveau limbique) et le néocortex. Chacun de ces systèmes a des fonctions bien précises. Mieux comprendre ces fonctions et reconnaître quand nous sommes en train de mobiliser un système en particulier, peut nous permettre de développer un plus grand contrôle sur nos structures mentales et sur nos réponses à la peur.

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Le cerveau reptilien

Le cerveau reptilien (aussi appelé « tronc cérébral » ou « système réticulé ») est celui qui est le plus ancien. Il remonte à plus de 100 millions d’années! Ses fonctions remontent au temps des dinosaures ou même avant! Il se charge de notre sécurité physique et il nous sert pour déterminer notre réaction immédiate aux stimuli. En tant que système de protection et de survie, le cerveau reptilien est celui qui gère notre réponse de lutte ou de fuite devant le danger.

Le cerveau émotionnel

Le cerveau émotionnel remonte à 50 millions d’années et il est le cerveau de base de 98% des mammifères sur la planète! Il enveloppe le cerveau reptilien et ensemble, ils créent un système interdépendant, avec un lien entre la conscience physique et la conscience émotionnelle. C’est un système animé par un fort désir de préserver les schémas qui nous sont habituels et nous conditionnent depuis longtemps.

La peur est l’interprétation de mon cerveau émotionnelle des stimuli qui me font penser que « je suis en danger » de quelque chose. On est ici face à un système qui a tendance à être encore guidé par un sentiment de survie, un mode de pensée binaire et avec des réactions rapides. Donc dans le cas d’une situation où on vit de la peur, si on laisse nos cerveaux reptilien et émotionnel gouverner notre réponse à la situation, on risque de rester dans un mode « lutte » ou « fuite » devant l’émotion, plutôt que d’envisager une troisième voie plus rationnelle et productive, en fonction de nos valeurs, pour résoudre la situation.

Je vous imagine en train de me lire et de penser : « Ce n’est pas une chose si facile à faire que de ne pas se laisser gouverner par nos émotions! ». Je vous comprends. Il est parfois plus familier de rester dans un mode de réponse « fuite/lutte » que d’entrevoir une autre possibilité. Dans la peur de l’incertitude par exemple, on peut être amené à penser qu’il y a plus de « danger » à sortir d’une zone de confort, même quand celle-ci n’est plus si confortable et me prive de ma liberté d’agir, de penser ou d’être pleinement moi-même.

Susan David rappelle que « lorsque nous devons émettre un pari sans qu’aucune probabilité de réussite ne soit quantifiable ou sans rien de familier auquel se raccrocher, notre cerveau présente une activation accrue dans l’amygdale, région associée à la peur » (L’agilité émotionnelle, p.194). Et lorsque l’amygdale qui se situe dans notre système limbique s’active, elle désactive aussi notre lobe frontal qui vise à rationnaliser, afin de répondre plus rapidement. 

Mais alors, comment se sortir de nos patterns de pensées et d’émotions? Heureusement, nous avons… notre fabuleux troisième cerveau : le néocortex!

Le néocortex

Le cortex cérébral aussi appelé néo-cortex ne remonte qu’à 3 millions d’années. « Que! » : Oui, je sais, ça semble long, mais dans l’évolution et le développement de notre cerveau, ça reste quand même assez récent en comparaison avec le cerveau reptilien! C’est donc le « nouveau » dans nos systèmes cérébraux mais il est aussi 1000 fois plus souple que le cerveau émotionnel. Le néocortex est doté d’une complexité incroyable car ses lobes frontaux nous permettent de visualiser l’avenir. 

Le cortex cérébral contient 16 milliards de connexions neuronales, permettant de construire et de reconstruire des images de nous-mêmes comme des petits films. Il s’occupe d’« imaginer » pour nous. Dans le cas d’une situation de peur, stimuler notre néocortex, c’est imaginer un scénario où avancer malgré la peur nous ouvre de nouvelles possibilités. En le travaillant, ce cerveau visuel peut prendre le dessus de manière très puissante sur notre cerveau émotionnel.

Si vous vous dites, « Mais moi, je ne sais pas visualiser » ou « Je ne suis pas bonne en visualisation », j’ai une bonne nouvelle pour vous. On a tous en nous cette capacité de visualiser! C’est notre cerveau cérébral et il est une sorte d’appareil photo incroyable qui nous permet d’imaginer un petit film complexe en quelques secondes. Faisons un petit exercice impliquant votre cerveau visuel pour tester cet « appareil photo » mental dès maintenant :

  1.  Imaginez que vous vous situez à 3 mètres au-dessus ou en face de vous et prenez une photo de vous-même. Ou prenez une photo de vous-même en contre-plongée. 

  2.  Prenez le temps de remarquer tout ce que vous observez dans votre esprit – les détails, l’atmosphère qui s’en dégage.

Vous pourrez apprécier en faisant ce très court exercice mental que vous êtes tout à fait capable de visualiser! Mais ce sont une zone de votre cerveau qu’il faut stimuler en l’activant au quotidien.

Comme l’explique Susan David, « quand nous sommes pris au piège des pensées, de sentiments et de situations toxiques, nous faisons souvent des choix qui nous éloignent de nos valeurs » (L’agilité émotionnelle, p.147). Pour remettre nos valeurs au centre de nos décisions, activer le néocortex permet de ne pas laisser les cerveaux reptilien et émotionnel dicter notre réponse à la peur.

Parce que le processus mental d’ancrage des valeurs passe par notre cerveau visuel, les questions ouvertes, la visualisation de processus et la répétition mentale constituent des outils clés. Mes méthodes en coaching visent à l’activation de nos lobes frontaux et à la pleine intégration des trois systèmes cérébraux. Je mobilise la visualisation positive et des questionnements orientés solutions à l’intérieur de chaque séance. Mes coachés peuvent alors apprendre à utiliser la capacité visuelle de leur néocortex pour amplifier de puissantes émotions positives. De fait, mes coachés quittent les séances avec des solutions déterminées en fonction de leurs ressources internes ainsi qu’avec un niveau de stress diminué par rapport au début de la conversation. 

Pour aller plus loin dans l’application…

Maintenant que vous avez une meilleure compréhension de vos systèmes cérébraux, je vous invite à écouter l’épisode 5 du Podcast le Courage. J’y propose 3 étapes clés pour mieux vivre avec la peur, notamment dans un contexte professionnel. Vous aurez ainsi une mise en application plus concrète du fonctionnement du cerveau. 

Je vous conseille aussi de retourner lire mon billet de blogue sur l’affirmation de soi où je vous donne 3 clés pour la pratiquer au quotidien – le besoin de mettre nos limites et de s’affirmer est souvent empêché par nos émotions, notamment la peur!

Et pour un accompagnement en coaching afin de développer des stratégies personnalisées et mieux gérer la peur que vous vivez au quotidien et/ou travail, je vous invite à réserver une consultation gratuite.

Cet article sur le fonctionnement du cerveau en lien avec la peur vous a plu? N’hésitez pas à me laisser un commentaire et à partager cet article avec vos proches, un.e ami ou un.e collègue.